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Une étude démontre la possibilité d’évaluer le confort respiratoire de patients ventilés artificiellement en réanimation grâce à des signatures électroencéphalographiques spécifiques

 Des équipes des services d’anesthésie-réanimation et de pneumologie, médecine intensive et réanimation (département R3S) de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, de Sorbonne Université, de l’INSERM (équipe mixte-UMRS1158) et du centre de neuroscience translationnelle, IHU coordonné par l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM)*, ont mené des travaux qui démontrent, pour la première fois, la possibilité d’évaluer le confort respiratoire de patients ventilés artificiellement en réanimation grâce à des signatures électroencéphalographiques spécifiques. Ces travaux, qui permettent d’envisager des progrès importants dans la prise en charge de ces patients incapables de communiquer verbalement, ont fait l’objet d’une publication le 12 novembre 2019 au sein de la revue Scientific Reports.

La dyspnée (le fait de manquer d’air, d’avoir du mal à respirer ou d’étouffer) représente une très grande souffrance qui, paradoxalement, est plus fréquente et intense chez les patients recevant une assistance ventilatoire mécanique. Pour ces patients, pour qui il est impossible de communiquer verbalement avec les soignants, la souffrance est encore plus importante.

Cette situation de souffrance respiratoire reste encore trop rarement évaluée correctement alors qu’optimiser le confort des patients hospitalisés en réanimation est un objectif majeur. La dyspnée participe à l’expérience traumatisante que peut constituer un séjour en réanimation. Elle est associée à un allongement de la durée de ventilation.

L’étude publiée dans la revue Scientific Reports est une étude pilote qui a porté sur 12 patients dyspnéiques se trouvant sous assistance respiratoire mécanique. Les auteurs de ces travaux émettent l’hypothèse que l’optimisation des réglages du ventilateur (pression, pente, trigger), en vue de soulager la dyspnée, serait associée à des modifications de l’activité cérébrale. Les résultats de ces travaux montrent que l’amélioration de la dyspnée est cohérente avec des changements constatés sur l’électroencéphalographie (EEG) dans presque tous les cas.

Il s’agit de la première étude qui montre que l’évolution de la dyspnée peut être associée à des changements mesurables par électroencéphalographie (EEG) chez les patients hospitalisés en réanimation sous ventilation mécanique. Ces changements ont été mis en évidence à l’aide d’algorithmes brevetés, issus de la collaboration UMRS1158-ICM, et définissant de véritables “biomarqueurs neurophysiologiques de la dyspnée”.

Ces résultats ouvrent la voie à un monitorage du confort respiratoire au cours de la ventilation assistée, permettant de générer des interactions patients-soignants en réponse à des alarmes spécifiques, et ainsi d’enclencher des procédures diagnostiques et thérapeutiques adaptées. Ces travaux ont fait l’objet d’un partenariat industriel avec Air Liquide Medical Systems et la startup MyBrain Technologies.

*Partenaires de l’IHU-ICM : Sorbonne Université, l’Inserm, le CNRS et l’AP-HP

Sources:

doi:10.1038/s41598-019-53152-y

Adjusting ventilator settings to relieve dyspnoea modifies brain activity in critically ill patients: an electroencephalogram pilot study.

Mathieu Raux, Xavier Navarro-Sune, Nicolas Wattiez, Felix Kindler, Marine Le Corre, Maxens Decavele, Suela Demiri, Alexandre Demoule, Mario Chavez & Thomas Similowski

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