Les services d’ophtalmologie de plusieurs centres hospitaliers universitaires (CHU) français ont publié le 2 novembre 2019 dans une correspondance au sein de la revue The Lancet les résultats d’une étude épidémiologique, menée entre février 2016 et août 2019, sur l’évolution des blessures oculaires associées aux armes sublétales en France. Ces travaux ont impliqué des équipes du service d’ophtalmologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et de Sorbonne Université. Le Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts et les services d’ophtalmologie des hôpitaux AP-HP Cochin et Lariboisière ont également participé à cette étude.
Les auteurs de ces travaux ont noté une augmentation significative du nombre de blessures oculaires depuis la fin de l’année 2018. Au total 43 cas ont pu être répertoriés, dont 40 depuis 2018. Vingt de ces cas ont été pris en charge à Paris (47%). Il s’agissait de 38 hommes et de 5 femmes avec un âge médian de 26 ans (allant de 15 à 59 ans).
Les auteurs ont recensé 25 cas de plaie perforante et 18 cas de traumatisme à globe fermé. Des fractures orbitaires ou du massif facial ont été respectivement notées dans 25 et 12 cas. Le pronostic des plaies perforantes était d’emblée très réservé dans tous les cas et la vision était inférieure à 2/10ème dans 13 cas. Une ou plusieurs interventions chirurgicales ont été nécessaires chez 30 patients.
La plus forte incidence des traumatismes oculaires durant les dix derniers mois pourrait être liée à l’utilisation des armes sublétales comme cela a déjà été rapporté dans d’autres pays (notamment aux États-Unis, au Moyen-Orient, en Europe et en Chine).
En août dernier, des travaux analysant de manière rétrospective les traumatismes de la face observés chez 21 patients pris en charge dans les services de chirurgie maxillo-faciale et d’ophtalmologie de l’AP-HP, à la suite d’atteintes causées par des armes non létales à balles caoutchouc avaient également été publiés dans la revue The Lancet.