COVID-ICU (Covid-19 infection in intensive care unit) est une cohorte multicentrique prospective mise en place en février 2020 pour collecter des informations démographiques, cliniques, virologiques, thérapeutiques et obtenir le pronostic détaillé des patients atteints de covid-19 hospitalisés en réanimation. Initiée par le réseau REVA, elle s’est rapidement étendue au-delà : 149 services de réanimation français, belges et suisses ont participé et ont inclus au total 4 244 patients adultes atteints de syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA).
Les caractéristiques cliniques et l’évolution à 90 jours de patients inclus dans cette cohorte ont fait l’objet d’une publication dans la revue européenne Intensive Care Medicine le 30 octobre 2020.
Ce travail a impliqué, entre autres, des équipes de l’AP-HP, de Sorbonne Université, et de l’Inserm à l’Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique. Cette étude, promue par l’AP-HP, a été coordonnée par le Dr Matthieu Schmidt à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et financée par la Fondation AP-HP pour la recherche et un PHRC national (COVID 2020).
Du 25 février au 4 mai 2020, 4 244 patients ayant un âge médian de 63 ans ont été admis en réanimation pour une insuffisance respiratoire aiguë secondaire à une infection par SARS-CoV-2. 74% de ces patients étaient des hommes et 41% avaient un indice de masse corporelle ≥30kg/m2. Une hypertension artérielle et un diabète étaient connus chez respectivement 48% et 28% d’entre eux. Le statut vital à J90 était disponible chez ces 4 244 patients.
À l’admission en réanimation, 29 % des patients ont reçu de l’oxygène « standard », 19 % de l’oxygène à haut débit et 6 % de la ventilation non-invasive. 2 635 (63 %) patients ont été intubés dans les 24 premières heures suivant leur admission. Au total, 3 376 (80 %) ont été intubés et ont reçu de la ventilation mécanique invasive au cours de leur séjour en réanimation.
Les curares et le décubitus ventral ont été utilisés chez respectivement 88 % et 70 % des patients intubés à J1. Une embolie pulmonaire et une pneumonie acquise sous ventilation mécanique ont été diagnostiquées chez 207 (9 %) et 1 209 (58 %) d’entre eux au cours de leur séjour tandis que 28% ont été dialysés.
Les durées médianes de ventilation mécanique invasive, de séjour en réanimation et à l’hôpital étaient respectivement de 13, 21, et 30 jours chez les patients vivants à J+90.
Quatre-vingt-dix jours après l’admission en réanimation, la mortalité était de 31 %. Celle-ci augmentait avec la gravité du SDRA (respectivement 30%, 34 %, et 50 % chez les SDRA de gravité faible, moyenne et sévère).
La mortalité chez les patients intubés au cours de leur séjour était de 36 % contre 11 % chez les patients n’ayant pas eu de ventilation mécanique invasive.
Les facteurs de risque indépendamment associés à la mortalité à 90 jours étaient l’âge, une immunodépression, une obésité sévère, un diabète, une défaillance rénale ou hémodynamique à l’admission, un faible rapport PaO2/FiO2, et un délai court entre les premiers symptômes et l’admission en réanimation.
Chez ces 4244 patients hospitalisés en réanimation lors de la première vague de la COVID-19, la mortalité globale à J+90 était de 31%. La gravité de ces patients couplée à des durées de séjour bien plus longues que celles observées chez les patients de même gravité ayant un SDRA non lié à la COVID-19, peuvent expliquer la mise en tension des capacités d’accueil des services de réanimation lors de la première vague. Un suivi à plus long terme est maintenant nécessaire pour avoir une description complète du pronostic et des séquelles des patients ayant eu les formes les plus sévères de la COVID-19 hospitalisées en réanimation
Référence
Clinical Characteristics and Day-90 Outcomes of 4,244 critically ill adults with COVID-19: a prospective cohort study |
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