Dans cette crise sanitaire sans précédent, la communauté étudiante de la faculté de Médecine se mobilise aux côtés des soignants. Parmi eux, certains ont choisi de s’engager sur COVIDOM, une application e-santé qui permet aux patients porteurs ou suspectés du Covid-19 sans signe de gravité de bénéficier d’un télésuivi à domicile.
Ils sont étudiants en médecine, soins infirmiers, kinésithérapie, psychomotricité, orthophonie ou encore orthoptie… tous engagés au service des malades du Covid-19. Si beaucoup d’étudiants en santé se sont portés volontaires comme infirmier, aide-soignant ou brancardier, d’autres ont choisi de rejoindre le dispositif de e-santé COVIDOM. Cette plateforme de télésurveillance francilienne permet d’assurer, via une application, un suivi à distance pour les malades du Covid-19 suffisamment bien portants pour ne pas être hospitalisés, mais qu’il faut continuer à surveiller afin d’anticiper de potentielles aggravations de la maladie.
Témoignage de Mathilde, étudiante en 5e année de médecine
J’avais envie de me rendre utile pendant cette crise sanitaire et ce travail m’a tout de suite motivée. C’est stimulant de participer à un projet d’une telle échelle (à ce jour 40000 patients sont suivis sur COVIDOM), qui apportera sûrement beaucoup d’informations épidémiologiques une fois la crise passée.La plupart des personnes infectées ne sont pas hospitalisées, mais il est primordial de continuer à assurer leur suivi, les rassurer, et alerter si besoin.J’ai également été intéressée par le fait de travailler en équipe avec des personnes d’horizons différents (pharmaciens, kinés, médecins…) ce qui apporte un vrai plus dans la prise en charge des patients (…)On essaye de rassurer les patients, de répondre à leurs questions et inquiétudes, de les conseiller. Au moindre doute sur une prise en charge ou une réponse à une question, on fait appel au médecin qui reprend la conversation et décide la démarche à suivre (consulter son médecin traitant, hospitalisation, voire dans certains cas appel du SAMU). Il faut essayer de dépister les personnes isolées, pour lesquelles le confinement rend les choses difficiles (faire les courses, se déplacer chez le médecin..). En résumé, le but est d’assurer un suivi médical, rassurer, conseiller, et alerter si besoin.Je suis heureuse de pouvoir participer à cette expérience, enrichissante d’un point de vue professionnel et personnel. Cela me permet d’améliorer mon interrogatoire, et de développer des qualités d’écoute et de réassurance indispensables au métier de médecin.Le système est efficient, de nouvelles cellules de télésurveillance ouvrent régulièrement, ce qui permet aujourd’hui de traiter la quasi totalité des alertes.Le retour des patients au téléphone est extrêmement positif, nombreux sont ceux pour qui le suivi COVIDOM est un soutien bénéfique. Le fait de savoir qu’ils sont « surveillés » à distance, leur permet de ne pas se sentir abandonnés, ils savent qu’ils peuvent si besoin, avoir un avis médical jusqu’à deux fois par jour. C’est d’autant plus important dans ce climat anxiogène ou l’on est cloîtré chez soi, parfois isolé.Pour illustrer ce dernier point, la dernière patiente que j’ai appelée hier, était très inquiète par des frissons persistants depuis le début des symptômes, qui évoluaient déjà depuis 3 semaines. Pas de signes de gravité apparents, hormis une intense fatigue. Elle a consulté aux urgences récemment, et le bilan était complètement normal, mais cela n’a pas calmé son angoisse, au contraire elle était plutôt exaspérée de cette discordance entre le discours médical et son ressenti à elle. La médecin, qui a repris mon appel, a été d’une écoute et réassurance incroyables, n’a pas négligé le ressenti de la patiente et l’a déculpabilisée sur les angoisses qu’elle pouvait avoir, totalement légitimes dans ce contexte. Elle l’a adressée vers la cellule psychologique de COVIDOM, qui pourra prendre encore plus de temps pour l’aider à évacuer son stress autour de ses symptômes. J’ai vraiment ressenti que ça avait aidé la patiente, on a bien fait de passer ce dernier appel.
Témoignage de Damien, étudiant en 4e année de médecine
On ne nous demande pas de gérer un patient comme à l’hôpital, mais de repérer, par téléphone, ceux qui ne vont pas bien en les interrogeant sur leurs symptômes cliniques : fréquences respiratoire et cardiaque, température, frissons, malaise, gêne à la respiration, etc.
En une après-midi, je passe en moyenne une soixantaine d’appels d’environ dix minutes. Nous sommes libres d’organiser notre planning comme nous le souhaitons. Nous pouvons faire des demi-journées (8h-15h/14h30-20h) ou des journées entières. Moi, j’ai choisi de venir toutes les après-midis sur la plateforme, du lundi au vendredi.
Témoignage de Célia, étudiante en 4e année de médecine
Je me suis portée volontaire au sein de la plateforme COVIDOM car je souhaitais apporter mon aide durant la crise sanitaire actuelle. Au moment où je me suis inscrite pour suivre la formation, je vivais avec des personnes « à risque » et préférais donc m’investir ailleurs qu’à l’hôpital.
Une partie importante du travail consiste à rassurer les malades, à leur rappeler les consignes de sécurité (respect du confinement, port du masque…) et à répondre à leurs questions. Nous sommes parfois leur seul contact de la journée avec l’extérieur et beaucoup de patients nous dise que les appels de COVIDOM les rassurent, les aident à mieux gérer et supporter la maladie.
D’un point de vue « médical », être bénévole à COVIDOM m’entraine à mener des interrogatoires, et les discussions avec les médecins, lors du traitement de cas plus délicats, sont très instructives. Ce bénévolat m’a aussi permis de découvrir, via les discussions avec des dizaines de patients, la variété d’évolution et de présentation clinique du Covid 19. Je trouve cela assez complémentaire avec mes études de médecine.
Témoignage d’Axelle, étudiante en 5e année de médecine
Devant l’ampleur qu’a pris l’épidémie de Covid19, j’avais envoyé ma candidature afin d’exercer en tant que Faisant Fonction d’Infirmière. Malheureusement celle-ci n’a pas pu être acceptée, au vu de mon terrain médical jugé fragile. C’est pourquoi j’ai voulu prêter main forte et me rendre utile, en m’inscrivant en parallèle de mon stage, à Covidom.
Suite à une formation théorique et pratique, j’exerce chez COVIDOM en tant qu’intervenante de télésurveillance.
L’ambiance est très agréable, j’ai fais la connaissance sur place de médecins et d’autres étudiants en santé, tous aimables et avenants. L’expérience en elle-même est très formatrice, non seulement car elle nous permet d’évaluer un état clinique à distance, chose qui n’est pas évidente en premier abord ; mais aussi grâce à la relation de soins médecin-patient qu’elle nous apporte. Les patients sont très contents de nos appels, en profitent pour nous poser leurs questions, dans un but de réassurance.
Une histoire m’a touchée lors d’un appel, une femme de 85 ans, vivant seule, après un appel d’une bonne dizaine de minutes, m’a tout simplement remerciée de l’avoir appelée, car elle avait vraiment besoin de parler et elle m’a dit que cela lui avait fait énormément de bien. J’ai été ravie de cette conversation téléphonique