Des équipes du département de biothérapie et de l’unité d’immuno-hématologie pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, du département de médecine foetale de l’hôpital Trousseau AP-HP, de l’Inserm, de l’Institut Imagine et de l’Université Paris Descartes, ont réalisé une greffe in utero de cellules souches hématopoïétiques chez un foetus atteint de déficit immunitaire combiné sévère lié à l’X.
Cette première à l’AP-HP a fait l’objet d’une publication dans le numéro de février de la revue internationale Blood Advances.
La greffe a été réalisée en juillet 2015, suite à un risque de transmission materno-foetale d’un parasite (le Toxoplasma gondii) qui peut avoir des conséquences importantes sur le développement cérébral du foetus et plus particulièrement ici chez un foetus sans lymphocytes T.
Le greffon provenant de la soeur, dont le système immunitaire était compatible, était constitué d’un mélange de cellules souches hématopoïétiques capables de rétablir le développement normal du système immunitaire à long terme, et de lymphocytes T matures (capables de défendre le foetus rapidement face à l’infection du parasite).
Le greffon a été préparé au laboratoire de thérapie cellulaire et génique du département de biothérapie de l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP. Puis il a été infusé dans le foetus par la veine ombilicale sous contrôle échographique au département de médecine foetale de l’hôpital Trousseau AP-HP.
La greffe et la suite de la grossesse se sont déroulées sans aucun événement particulier, et le bébé est né à terme à la maternité de l’hôpital Trousseau AP-HP avec un système immunitaire fonctionnel. L’enfant est actuellement âgé de plus de trois ans, en bonne santé et aucune hospitalisation ni aucune intervention thérapeutique n’ont été nécessaires depuis la naissance.
Cette intervention a permis au foetus de guérir pendant la grossesse, sans les contraintes pratiques ni la charge émotionnelle liées à une greffe classique de cellules souches hématopoïétiques. Cette dernière entraîne une longue hospitalisation en milieu hautement protégé pour ces jeunes patients très fragiles.
L’indication à la greffe in utero est jusqu’à ce jour restée très limitée à cause des risques potentiels liés à la procédure et à la possibilité de réaliser la greffe très tôt à la naissance.
Toutefois le succès de cette greffe ouvre de nouvelles perspectives thérapeutique pour les foetus atteints de déficits immunitaires sévères, lorsqu’il existe un donneur compatible et qu’il y a un risque infectieux avéré au cours de la grossesse.